-> Est-il vrai que dans toutes choses existe un peu de sagesse, et pourquoi ce grain de sagesse rend les choses plus folles ? La folie naît ainsi de la sagesse mais comment une chose peut-elle naître de son contraire ? La sagesse ne serait-elle qu’une autre folie ?(InstantEternité)
— Mais on ne sait pas encore ce que l’on désigne sous ces termes.
La sagesse, n’est-elle pas dans le fait que l’on est capable de discerner ce qu’il y a de folie dans nos actes (la pensée est encore un acte)?
Si c’est le cas, il faut répondre non. Car dans le moment où je suis habité et mû par la sagesse je suis empli de lucidité, si la lucidité est possible et si elle est un champ ondulaire exempt de particules de folies, elle est donc le moyen de ma sagesse.
Le souci, car il faut bien qu’il y en ait un, c’est que la pensée n’est pas une production intègre, elle charie toujours des « corps étrangers », lorsque l’espace entre ces corps est assez distant, on ne les remarque pas, ni celui qui pense, ni celui qui écoute le discours mis en forme qui découle de la pensée.
Mais lorqu’il y a trop de « corps étrangers », la pensée perd de sa fluidité, de son énergie, et se comporte comme un véhicule conduit par un homme/femme qui a pris un verre de trop.
Dans ce cas, même lorsque le discours semble se fonder sur la « raison rigoureuse », pour ne pas dire la « raison pure », un auditeur attentif s’apercevra des failles et pourra se glisser dans les « fibres argumentaires » utilisées pour mieux les « ronger » (c’est une image) si telle est son intention. Ou faire semblant de ne pas les voir, parce que l’ensemble du discours proposé sert quelques intérêts tapis dans l’ombre de sa conscience.
1. Si l’on considère le « matériau » de la sagesse et de la folie, comme un matériau lisse et dense, impénétrable et inséquable, on doit aussi considérer que la sagesse est par conséquent totalement exonérée de folie et la folie totalement exonérée de sagesse. Ce seraient deux états, non pas contraires, mais opposés, comme la guerre et la paix, et l’on basculerait de l’un à l’autre au gré des courants qui entraînent nos pensées.
2. Si l’on considère ces « matériaux » comme non lisses et non denses, ils seraient donc toujours mêlés d’une proportion de l’un dans l’autre, une proportion toujours différente selon les situations. Dans ce cas, il est possible de voir une quantité de folie dans la sagesse, comme l’inverse.(Juan)
— Soit on considère que la folie et la sagesse n’existent qu’en tant qu’idées ou concepts, en marge (intellectualisée) du réel, soit on considère que dans ce réel il n’existe que des comportments plus ou moins fous et sages… (Blaquière)
— Oui, d’une façon très simplifiée et peut-être trop concise, je pense que la folie est une déraison ou une difficulté à produire de la raison, et que la sagesse est une facilité à produire de la raison.
On peut difficilement imaginer qu’elles (la raison et la déraison) opèrent d’une manière isolée l’une de l’autre. Elles sont, selon moi, aussi liées que le sable dans les deux parties d’un sablier, qu’une main intempestive retourne au gré de ses passions et de ses peurs.(Juan)
— Je suis plutôt d’accord avec votre 2ème hypothèse. Car la sagesse ou la folie n’ont pas de sens en tant que des concepts absolus, elles ne prennent un sens que si elles sont exprimées à travers une chose, à travers un acte.
J’ai un début de réponse à la question « Pourquoi un grain de sagesse dans une chose rend-elle la chose plus folle ? » -> C’est parce que ce grain de sagesse crée une dynamique dans cette chose, cela casse son équilibre sagesse/folie tout en la rendant « tumultueuse ». Pour moi c’est le résultat d’une manifestation de la volonté de puissance sur cette chose.(InstantEternité)
— Je ne sais pas, je doute. Ce n’est pas comme cela que je vis les choses.
Une chose ? Que peut-être cette chose ? Un raisonnement, une pensée distraite, un rêve, une émotion ?
Comme je vous l’ai fait savoir plusieurs fois, je ne philosophe qu’à partir de mon observation de ce qui se passe en mon cerveau. Et que se passe-t-il dans mon cerveau et dans les autres ? Tout d’abord des remous agités par les peurs, des états de surprise en général, des réactions, donc des émotions, donc des hormones.(Juan)
Pour moi, ce sont ces phénomènes biologiques qui produisent des champs de « folie ». pour les endiguer, les contenir ou les anéantir, il me faut faire appel effectivement à une volonté de puissance, celle-ci, et pour ce qui me concerne, ne fera appel (et toujours) qu’à la raison, une raison nette et transcendale.
Cette raison est la seule arme que je connaisse contre la folie, elle traque, elle rêve, elle est habitée d’une âme puissante qui est l’intention inflexible de maintenir un état non-réactif.
C’est un défi presque insoutenable d’extraire toute folie de nos actes, acter et réagir sont des opposés, la réaction est l’utérus de la folie, il faut saisir la troisième dimension mentale pour s’évader de ces systèmes binaires.
— Tâchons d’être précis. Pour vous, la sagesse est elle la raison ? (Zerethoustre)
— Non la sagesse n’est pas la raison mais le produit d’une démarche rationnelle exigeante et rigoureuse.
Sachant qu’une démarche rationnelle exigeante et rigoureuse rejoint la déraison si elle n’est pas guidée par la charité, au sens étymologique de ce terme, c’est à dire ce qui émane du « coeur ». (Juan)
— Pourquoi la raison serait-elle la voie ? Parce qu’elle est celle du plus fort ?(Brooder)
— Non, ce n’est pas pour moi celle du plus fort, mais celle du plus juste.
Le plus juste, saurait-il être comparé au plus fort ?
Absolument non, je plus juste ne se mesure à personne.
Pourquoi dans les faits ?
Je pourrais me contenter de répondre, que la raison incline à l’économie en tout.
En bref, elle évite beaucoup de problèmes pour soi comme pour ceux qui nous accompagnent.
L’évitement des problèmes est encore l’évitement des solutions, voila comme je vois le sens de l’économie.
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